Le nucléaire est-il compatible avec les énergies renouvelables?

La France se distingue par son taux de 77% de production d'électricité d'origine nucléaire. A l'inverse, elle affiche une part de cette production par les énergies renouvelables, solaire et éolien, limitée à 4,2%, auxquels s'ajoutent 12,6% d'hydraulique. Existe-t-il un lien entre cette forte proportion de nucléaire et cette faiblesse des énergies renouvelables? Que faut-il penser du scénario de l'Ademe qui indique que le passage à 100% d'électricité renouvelable d'ici 2050 est techniquement possible ?

Le recours massif à l’énergie nucléaire reste l’une des particularités de la France. En 2014, 77% de l’électricité produite était d’origine nucléaire. La France se situe ainsi largement en tête au niveau mondial dans ce domaine. Seuls les Etats-Unis la dépassent en production d’électricité nucléaire mais avec une part du nucléaire réduite à 19%. Or, le nucléaire n’est pas considéré comme une énergie renouvelable. Il utilise de l’uranium dont les réserves mondiales sont estimées entre un et deux siècles de consommation actuelle. Sans parler des risques concernant la sureté des centrales, réévalués après l’accident de Fukushima en 2011, et des problèmes engendrés par les déchets nucléaires et le démantèlement des centrales. Pour autant, en France, le nucléaire a longtemps fait figure de ressource incontournable.

La présence de 58 réacteurs sur le sol français et cette part de 77% de la production électrique rendent en effet difficile d’imaginer que nous puissions nous passer du nucléaire. Pourtant, un rapport publié officiellement hier, 22 octobre 2015, par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, l’Ademe, envisage la possibilité d’une production d’électricité 100% renouvelable dès 2050. Suivant ce scénario, la production d’électricité en France serait alors obtenue grâce à 63% d’éolien, 17% de solaire, 13% d’hydraulique et 7% de géothermie et de thermique renouvelable. La publication officielle de ce rapport, prêt dès le mois d’avril 2015 en plein débat sur la loi sur la transition énergétique, a été retardée jusqu’à hier. Signe, sans doute, qu’il dérange... L’abandon du nucléaire en 35 ans serait en effet une véritable révolution pour la France. Le rapport de l’Ademe est le premier à oser l’imaginer officiellement...

Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour qu’un tel scénario puisse de traduire dans les faits.